La découverte de la notion d’art et de culture chez l’enfant nécessite qu’il soit accompagné par un adulte référent lui permettant d’aller à la rencontre de ces diverses expériences. L’adulte référent, qui peut être un parent, un grand-parent ou encore un professionnel, est présent physiquement et psychiquement pour soutenir et accueillir les réactions et les émotions de l’enfant.
Dans cette relation, nous pouvons observer que les échanges sont réels. Le partage d’émotions, de sensibilités et/ou d’expériences peut venir de l’enfant comme de l’adulte. C’est grâce à ces interactions verbales ou non verbales que l’enrichissement se construit.
Cependant, nous pouvons nous poser la question suivante : Quel est l’intérêt de passer par l’Art et la Culture pour établir une relation qualitative entre enfant(s) et adulte(s) ?
Un véritable vecteur de partage et de vivre ensemble
La notion de vivre ensemble est une des valeurs fondatrices de notre pédagogie chez Rigolo Comme La Vie. Le but étant d’établir un environnement propice aux échanges et aux partages. Parallèlement, nous sommes convaincus que l’art et la culture peuvent être un véritable vecteur pour servir ces échanges.
En écoutant le podcast Pouce présenté par Emilie LEBEL (médiatrice culturelle), nous avons entendu cette phrase qui résume l’intérêt de développer la notion d’échange et de partage : «On apprend et on joue ensemble». Car c’est bel et bien en jouant ensemble qu’adulte(s) et enfant(s) créent du lien. Par exemple, quand un professionnel et un groupe d’enfants construisent une œuvre artistique commune, ils partagent une expérience et des émotions ENSEMBLE.
Aussi, grâce à ces moments de partage, ils pourront raconter ce qu’ils ont vécu ensemble à autrui, chacun avec son propre langage (verbal ou non).
La création ou la découverte d’une œuvre artistique permet à l’enfant et à son adulte référent d’établir une relation privilégiée. Aussi, la transmission culturelle (comme par exemple une recette de cuisine ou une chanson découverte durant notre enfance) permet également de créer un lien affectif basé sur le partage. C’est grâce à cette notion de partage qu’adulte et enfant pourront construire un lien d’attachement sécure. Dans cette relation privilégiée, nous devons réfléchir à la posture que nous, adultes, souhaitons adopter.
En premier lieu, il est indispensable d’établir une relation bienveillante basée sur le respect de l’un et de l’autre en éliminant tout jugement sur la manière de percevoir une œuvre ou une culture. La place de l’adulte doit aussi permettre à l’enfant d’exprimer son art, sa culture et/ou ses émotions comme il le souhaite dans un cadre sécurisant pour lui.
Par exemple, durant un temps de chanson, certains enfants peuvent se lever et danser, d’autres peuvent sauter ou encore ils peuvent rester assis et écouter ou non. Nous sommes présents pour soutenir l’enfant sans forcer la découverte ni l’entraver.
Un projet de recherche sur les effets de la médiation culturelle auprès des enfants a été mené en 2018 par le Ministère de la Culture et deux Universités a permis de définir la place de l’adulte comme étant de «favoriser la découverte pour les enfants de la créativité, dans un contexte bienveillant et de soutien de l’expression libre des enfants».
L’art est un concept qui permet à chaque être humain d’aimer ou de ne pas aimer telle ou telle œuvre; ce qui est une véritable ressource pour se construire un esprit critique. C’est aussi ce qui nous permet de ne pas forcément être d’accord et donc d’entendre le ressenti de l’autre. En effet, dans l’art, il n’y a jamais de bonnes ou de mauvaises réponses. L’art est subjectif et chacun peut être sensible ou non à ce qui lui est exposé. C’est aussi dans ce sens que les échanges entre adultes et enfants sont riches et variés.
Des possibilités infinies d'échanges et d'interactions
«Les interactions positives, attentives et chaleureuses ont des effets significatifs sur le cerveau, l’apprentissage, le développement, la santé et le bien-être de l’enfant». A travers l’art et la culture, adultes et enfants construisent une relation mais aussi des échanges qu’ils soient verbaux ou non.
Un regard ou encore un geste peut déclencher une émotion et/ou une interaction. Par exemple, lors d’un temps de lecture, l’adulte peut partager une émotion comme l’étonnement en levant les sourcils sans prononcer de mot. C’est ce qu’on appelle une interaction «non verbale».
Les interactions peuvent se construire en utilisant des mots ou encore des phrases pour exprimer son émotion ou son avis. Par exemple, devant une œuvre artistique, l’adulte peut dire «Je trouve cela très beau» et l’enfant peut répondre en exprimant une émotion : «Ça me fait peur» ou une observation «C’est coloré». C’est ce qu’on appelle une interaction «verbale».
Peu importe la manière d’interagir avec ses pairs, l’important est bel et bien de favoriser et d’alimenter ces échanges car ils permettent de développer de nombreuses compétences chez l’enfant.
Ces échanges et interactions permettent à l’enfant d’enrichir son langage. Au-delà d’un partage d’émotions, d’observations…, l’adulte peut aussi amener un vocabulaire plus enrichi. L’enfant n’a jamais trop de vocabulaire dans son langage. En effet, nous pouvons introduire des mots comme «perspective», «esquisse» ou encore «œuvre baroque».
Même si l’enfant ne comprendra pas forcément tout de suite ces termes nouveaux, il les intégrera et pourra faire du lien entre l’œuvre qu’il contemple et le mot qui la caractérise. Par exemple, en écoutant un morceau de musique, l’adulte peut expliquer que «C’est du jazz et dans ce style de musique, nous entendons du saxophone». L’adulte partage ses connaissances et
l’enfant apprend un nouveau vocabulaire et enrichit sa culture.
Au-delà d’un partage de connaissances, l’adulte et l’enfant peuvent partager des émotions. Car oui, l’art est synonyme d’émotions ! Selon les individus, l’émotion est plus ou moins différente face à une œuvre. Ce partage nécessite des interactions qui permettent de comprendre ce que peut ressentir l’autre et aussi d’exprimer nos propres émotions. C’est par cet échange que l’empathie se construit chez l’enfant. Selon Carl ROGERS (psychologue), l’empathie se définit comme «une compréhension profonde et sensible des émotions d’autrui».
Nous pouvons affirmer que l’art et la culture peuvent être considérés comme un véritable intermédiaire pour se connecter à l’autre et s’enrichir. Par ce biais, nous pouvons apprendre des uns et des autres et se placer dans une relation dite «horizontale» dans laquelle l’enfant peut apprendre de l’adulte et inversement. Par exemple, un enfant qui a une culture différente de celle d’un professionnel peut la faire vivre au sein de la crèche/école en parlant dans sa langue maternelle. Ce sont ces échanges qui permettent à la relation de s’enrichir.
Dans le cadre d’un projet qui inciterait les enfants à s’intéresser à l’art, l’adulte peut aussi s’y intéresser et enrichir sa culture. Parents, professionnels ou autres adultes référents ont la possibilité de développer leur curiosité autour de l’art et de la culture.
Emilie LEBEL, médiatrice culturelle, a eu pour ambition de créer un lien entre la vie quotidienne et l’art. Pour cela, elle s’est appuyée sur les ressources que l’éveil artistique génère chez les enfants; notamment grâce à ses relations avec autrui. Elle considère que la notion d’art est accessible à tous, même au jeune public et qu’elle peut développer des compétences infinies chez l’enfant et évidemment chez l’adulte aussi : «Pour moi, l’art n’est pas une affaire d’intello, mais une ressource précieuse qui peut enrichir nos émotions, notre imagination, notre esprit critique et nos relations, à chaque instant».
Crédit photos : Rigolo Comme La Vie
