Bien dans son corps, bien dans sa tête

Au cours de son développement, l’enfant prend petit à petit au travers de ses expériences conscience de son corps. Il exerce sa motricité globale et fine par le mouvement… L’adulte est présent pour l’accompagner dans ses acquisitions, en lui proposant un environnement qui favorise ses expérimentations. Le mouvement physique est fondamental pour son développement émotionnel, cognitif et social. Article réalisé avec l’ouvrage « la psychomotricité au service de l’enfant », de Lucie Staes & Bruno De Lièvre, aux édition De Boeck.

Au cours de son développement, l’enfant va développer son schéma corporel pour s’approprier le mouvement. C’est la connaissance que l’on a de soi, c’est-à-dire : nos limites, nos possibilités motrices, nos expressions, les perceptions, la communication, les représentations que nous avons de notre corps.
Pour mieux comprendre la construction du schéma corporel, voici les différentes phrases. Ces phases sont vécues au rythme de chacun.

Le corps subi

Dans les premières semaines de vie, on parle de corps «subi», l’enfant est limité dans ses mouvements physiques qui sont liés aux réflexes innés (par exemple le réflexe de succion ou de Moro). Il réagit instinctivement à son environnement sans contrôle intentionnel. Il est très sensible aux sensations (faim, fatigue, inconfort) qui influencent son comportement sans pouvoir agir seul pour les satisfaire.

Le corps vécu

Ensuite vient l’étape du corps “vécu”, soit les premiers apprentissages et la prise de conscience de son corps, de ses capacités, de ses limites.

À cette étape, l’enfant commence à développer la conscientisation de ses sensations. Il utilise son corps pour explorer son environnement et les objets qui l’entourent. Par exemple, il passe sous une chaise pour attraper une balle, ce qui démontre sa capacité à déplacer selon ses envies et ses besoins.

C’est une étape enrichissante pour l’enfant d’un point de vue moteur et sensoriel. Il découvre petit à petit toutes les possibilités que lui offre son corps par le mouvement. En utilisant ses sens, il apprend à mieux se connaître et à mieux appréhender son environnement. Il prend plaisir à manipuler, à danser, à regarder, à vivre des sensations (comme le balancement), à toucher…

Toutes ces découvertes sont une source de plaisir pour l’enfant, les hormones du plaisir (dopamine) et du bonheur (ocytocine) se libèrent, quel bonheur de pouvoir jouer !

Le corps perçu

À cette étape, l’enfant commence à maîtriser et affiner ses mouvements et gestes de manière plus précise et intentionnelle. Cela s’observe beaucoup lors de temps de jeux : apparition du jeu symbolique, développement de l’imaginaire… Dans cette période, l’enfant utilise également son corps pour exprimer et partager ses idées et ses émotions : ses gestes traduisent sa joie, sa tristesse, la colère ou la frustration.

Le corps connu

Pendant cette étape, l’enfant découvre et apprend à identifier et à nommer les parties de son corps. Les activités ludiques comme les chansons, les imagiers autour du corps permettent de renforcer cet apprentissage.

Le corps exprimé

L’enfant utilise son corps à cette période pour exprimer et partager ses émotions. Il communique et recherche ainsi une réciprocité dans la communication. Ses réactions peuvent être intenses, le mouvement et les gestes sont «libérateurs». Dans l’activité ludique, l’enfant aime se déguiser, mimer, imiter…

Le corps maîtrisé

Pour terminer, le corps est “maîtrisé” : le mouvement est contrôlé et intentionnel, l’enfant maitrise de mieux en mieux son corps, et affine son l’équilibre, le tonus, la respiration, la coordination.

Ces expérimentations vont permettre à l’enfant de prendre conscience de son corps par le mouvement, d’être acteur dans la construction de sa personnalité, de développer son autonomie, de reconnaître le monde qui l’entoure et d’entrer en relation avec l’autre. L’accompagnement de l’adulte et ces expériences vont permettre à l’enfant de développer sa confiance en soi, son estime de lui et son autonomie.

La valorisation, l’attention que l’on porte à l’enfant, l’encouragement et la possibilité de le laisser expérimenter sont essentiels pour l’aider à grandir !

“Bien dans son corps, bien dans sa tête” englobe le développement physique, émotionnel, cognitif et social. C’est de permettre à l’enfant de grandir, de s’épanouir à son rythme dans un cadre sécurisant.

Crédit photos : Rigolo Comme La Vie & Adobe Stock

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