En crèche, les enfants apprennent le «vivre ensemble» en observant, imitant et interagissant. Conflits et frustrations font partie de leur développement et sont accompagnés pour les aider à s’exprimer et à gagner
en autonomie.
Chez Rigolo Comme La Vie, inclusion et diversité sont encouragées pour ouvrir les enfants au respect et au partage, les préparant ainsi à leur rôle de futurs citoyens.

En crèche, nous accueillons des enfants de 2 mois et demi à 4 ans (jusqu’à 6 ans pour les enfants en situation de handicap). Nous accueillons aussi leurs familles et également des professionnels.
L’ensemble de ces individus viennent de divers horizons et ont chacun leurs propres valeurs et modes de fonctionnement. Comment ces individus en tant que tels vont réussir à s’harmoniser ensemble pour créer un groupe ? Et surtout, pourquoi et en quoi cela est nécessaire pour le jeune enfant ?
Vous avez peut-être déjà remarqué que chez Rigolo Comme La Vie les professionnels parlent du «vivre ensemble». A quoi correspond ce terme ?
Tout d’abord, dans la définition du dictionnaire, le vivre ensemble se caractérise par une «cohabitation harmonieuse entre individus ou entre communautés».
Cette définition nous démontre donc que le vivre ensemble est une notion positive de la vie en collectivité et ce que, nous, professionnels de Rigolo Comme La Vie, avons envie de valoriser lorsque l’on accompagne vos enfants au quotidien.
La vie en collectivité : une source de découvertes
Vivre au quotidien avec ses pairs, c’est aussi apprendre d’eux. La transmission peut s’établir d’adulte à enfant, d’enfant à enfant et aussi d’enfant à adulte. C’est grâce à ces échanges que chacun se construit et grandit.
Pour que la transmission puisse se faire, les enfants passent par l’observation de ceux qui les entourent. Comment se comportent-ils ? Comment communiquent-ils ?…
Après une première phase d’observation, l’enfant va, à son tour, y prendre part. Et ce sera par l’imitation qu’il explorera ses nouvelles découvertes. Comme par exemple : un enfant qui donne le biberon à sa poupée en lui parlant, ou encore un enfant qui utilisera le baby sign pour dire bonjour…
Une multitude de situations peuvent être scrutées et imitées par les enfants.
Jean Epstein, psychosociologue qui est déjà intervenu lors d’une précédente journée pédagogique, affirme que «L’enfant apprend d’abord en aimant puis en explorant». Cette citation démontre bel et bien que pour apprendre, l’enfant doit passer par l’exploration, il doit essayer et parfois même se tromper. En effet, les situations «négatives» sont aussi sources d’apprentissage.
Vous avez peut-être pu remarquer qu’en crèche, il y a des enfants qui mordent, tapent, se tirent les cheveux…, ces gestes sont évidemment inadaptés à la vie en collectivité.
Les adultes les nomment en comportement agressif. Mais qu’est-ce que l’enfant a envie ou besoin d’exprimer ? Ces interactions sont souvent liées à des conflits, qui sont générés par cette vie en collectivité.
En tant que professionnels, notre rôle n’est pas d’éviter le conflit à tout prix mais bien de le gérer afin que tous les enfants puissent vivre harmonieusement ensemble. Nous considérons que les conflits leur permettent de développer de nombreuses potentialités comme l’affirmation de soi et donc la construction de leur personnalité. En tant que professionnels, nous les accompagnons à davantage verbaliser leurs ressentis et leurs besoins même si au début, cela peut être compliqué pour les jeunes enfants.
En effet, à cet âge, le jeune enfant a une immaturité cérébrale qui ne lui permet pas de comprendre ce qu’il se passe autour de lui. Et donc son action répond à une pulsion qu’il ne peut maîtriser. Il n’a pas la volonté de blesser, il est simplement dans une phase d’apprentissage qui est normale. Cela ne dépend pas non plus de son éducation, c’est un stade de développement que l’on doit accompagner. C’est donc en verbalisant ses émotions qu’il arrivera tout d’abord à mettre des mots dessus, à les identifier puis ensuite à les exprimer oralement. Nous invitons donc chaque enfant à dire en mots ce qu’il ressent à l’instant T pour que la communication entre enfants soit plus apaisée et sereine. Cette phase de conflits est nécessaire pour le jeune enfant.
Comment réagir quand mon enfant se fait taper, mordre... Devant moi à la crèche ?
En arrivant dans la crèche, vous avez peut-être déjà observé votre enfant se faire taper, mordre, tirer les cheveux… par un autre enfant. Lors de ce type de situation, vous ne savez peut-être pas comment réagir, c’est normal car il peut y avoir beaucoup d’émotions à ce moment-là : tristesse de voir son enfant blessé, colère auprès de l’enfant qui a fait mal, peur…
Sachez que nous, professionnels, sommes présents pour réagir et accompagner l’enfant. Nous verbalisons auprès de lui la situation et lui expliquons les règles. N’hésitez pas à rassurer votre enfant car il aura certainement besoin d’un câlin, d’un regard ou d’une figure d’attachement.
Pourquoi les professionnels de la crèche ne me communiquent pas le nom de l'enfant qui a "blessé" mon enfant ?
Vous avez peut-être déjà pu constater, nous ne divulguons pas l’identité de l’autre enfant. Ce choix pédagogique a été instauré car nous ne souhaitons pas stigmatiser un enfant et risquer de lui coller une étiquette dévalorisante. En effet, nous savons que ce type d’interactions est tout à fait saine à leur âge et nous les accompagnons au quotidien pour dépasser cela. Il n’y a donc aucune nécessité de pointer du doigt un enfant plus qu’un autre.
Dans le même sens, des moments de frustration existent en crèche comme par exemple un enfant de 2 ans qui attend à table que son repas arrive ou encore un autre enfant qui doit attendre son tour pour jouer avec le camion qui est déjà pris… Autant de situations qui génèrent de la frustration chez l’enfant et qui peuvent parfois déborder en émotions (colère, tristesse ou autres). La vie en collectivité nécessite parfois de patienter, ce qui n’est pas simple à assimiler pour des enfants de 3 mois à 4 ans.
Cependant, cette notion de frustration n’est pas à bannir selon nous, car, en effet, elle apprend aux enfants à persévérer, à trouver un substitut à leur manque. Lorsqu’il nous est impossible de répondre immédiatement à un besoin de l’enfant, nous l’entourons avec nos mots et notre posture. Dans un premier temps, l’adulte accompagne l’enfant à gérer son émotion pour que petit à petit il gagne en autonomie et sache donc faire preuve de résilience. Par exemple, le professionnel peut dire à l’enfant : «Je comprends ta frustration car Camille a le camion que tu voulais mais tant qu’elle joue avec, tu peux utiliser la voiture qui est à côté de toi. Si c’est trop difficile pour toi, je peux te proposer un câlin».
Dans ce type de situation, l’enfant apprend à gérer son émotion mais également à respecter le temps de jeu de ses pairs.
Pourquoi mon enfant veut toujours jouer avec le jeu du copain ?
Tout d’abord, il est difficile pour des enfants de moins de 3 ans de partager. En effet, d’après les neurosciences, un enfant qui joue est un enfant qui explore, essaie, fait des expériences. La zone préfontale de son cerveau n’est pas encore mature et donc ne lui permet pas d’arrêter son jeu. Cette zone est celle qui met le plus de temps à se construire.
À côté de cet enfant qui ne parvient pas à partager ses jeux, il y a un autre enfant qui veut absolument prendre les objets tant convoités. Cela s’explique par le fait qu’à cet âge, les jeunes enfants sont essentiellement dans l’imitation de ceux qui les entourent. Ils ont envie de faire pareil, d’essayer et donc le jeu qui est en mouvement est beaucoup plus intéressant qu’un autre.
Que faire ? Tout d’abord, le fait de savoir que l’immaturité cérébrale du jeune enfant ne lui permet pas d’avoir les mêmes capacités que nous peut nous aider grandement. En effet, nous le comprenons enfin ! Ensuite, l’enfant a besoin d’être accompagné, sans quoi il sera dépourvu de solution. Notre rôle est donc de permettre aux enfants de jouer le temps dont ils ont besoin avec l’objet qu’ils explorent inlassablement.
Aussi, nous verbalisons auprès de l’enfant qui veut à tout prix le jeu de l’autre : “Ce n’est pas possible de prendre le jeu de Romain car il joue encore avec mais il y a d’autres choses intéressantes à faire comme faire rouler ce camion de pompiers ou encore faire un gâteau à la dînette…”.
Cela s’appelle : faire de la diversion; non pas pour fuir la situation mais pour se tourner vers autre chose et surmonter sa frustration.
La vie en collectivité : accompagner des futurs citoyens
Dans la vie de tous les jours, chaque citoyen a le devoir de respecter ceux qui l’entourent. Ainsi, en crèche, notre rôle est d’accompagner vos enfants à devenir de futurs citoyens qui s’intègrent à la vie en collectivité. Ce que l’enfant vit à la crèche peut facilement se comparer à ce que nous pouvons vivre dans notre quotidien.
Pour cela, nous avons à cœur de favoriser l’inclusion de toutes personnes en luttant contre les discriminations. La crèche est un lieu où la diversité est présente et nous souhaitons encourager cela pour développer plusieurs notions comme la tolérance, le partage, le respect des uns et des autres…
Dans ce cadre, plusieurs de nos structures Rigolo Comme La Vie accueillent des enfants en situation de handicap ou à besoins particuliers. Cet accueil permet à l’enfant de rencontrer ses pairs. L’objectif est de permettre à l’enfant ayant des besoins particuliers d’être intégré dans un milieu ordinaire et donc de côtoyer d’autres enfants. Aussi, cette intégration permet aux autres enfants de vivre avec cette diversité en l’intégrant comme une norme. Des enfants peuvent marcher et d’autres non; c’est aussi en cela que l’on accepte les différences. C’est également l’occasion d’expliquer avec des mots simples le handicap.
De même, certaines de nos crèches développent un projet intergénérationnel. Celui-ci consiste à inviter des personnes âgées (venant de l’EHPAD du secteur) pour passer un moment d’échanges convivial avec les enfants. Le but est d’aller à la rencontre d’autrui, de favoriser les interactions et de partager. Ces temps permettent d’ouvrir les enfants au monde extérieur. Ils peuvent découvrir un adulte avec une canne ou un déambulateur; différents objets qu’ils n’ont pas forcément l’habitude de côtoyer dans leur quotidien.
Par ailleurs, le parallèle peut aussi être fait grâce à la diversité culturelle. Toutes les crèches qui accueillent des familles aux cultures différentes. Cette approche est très intéressante car elle nous permet (adultes et enfants) de s’ouvrir au monde. Nous découvrons aussi les valeurs de chaque famille; cela développe la curiosité de l’enfant : aller vers l’autre est une richesse.
La diversité, la tolérance, la bienveillance… sont autant de valeurs que nous transmettons aux enfants en crèche. Cette “mini-société” permet à l’enfant d’acquérir les règles de vie en collectivité et aussi d’intégrer les individus qui l’entourent. Tout ce que l’enfant d’aujourd’hui aura découvert durant ses jeunes années sera plus que bénéfique pour sa vie d’adulte de demain.
