
Face au flux d’informations qui nous entoure sur l’éducation, distinguer le vrai du faux est crucial. Les réseaux sociaux dénaturent parfois des pédagogies comme DOLTO ou MONTESSORI, pouvant induire un
manque de cadre néfaste. Pourtant, ces approches et l’éducation positive ont un sens profond basé sur la bienveillance et l’autonomie.
En 2025, nous avons tendance à aller chercher la plupart des réponses à nos questions ou craintes sur Internet et plus particulièrement sur les réseaux sociaux. L’éducation de nos enfants n’échappe pas à cette habitude. On y cherche des conseils, des avis, des expériences… comme on pourrait aller à la rencontre de nos proches (famille, amis, collègues…).
Les conseils et parfois injonctions que l’on reçoit peuvent nous convenir ou non. Telle est la difficulté de savoir quoi prendre et
quoi laisser…
Parallèlement à cela, les réseaux sociaux nous décrivent certaines pédagogies en les détournant de leur concept initial.
Ces contenus peuvent faire craindre que nous basculions vers des pédagogies non adaptées aux enfants. La réalité est tout autre et parfois les messages véhiculés sont erronés.
Le regard des autres sur l'éducation des enfants d'aujourd'hui : un outil facilitant ou culpabilisant ?
Tout d’abord, autour de nous il y a plusieurs sources d’informations et/ou de conseils : la famille, les amis, les collègues, les réseaux sociaux, les livres, les professionnels…
L’ensemble de ces données peuvent ne pas se corréler et donc entraîner un sentiment d’angoisse chez vous, parent.
Dans les médias et sur les réseaux sociaux, notamment durant la période pendant laquelle la LOI n° 2019-721 du 10 juillet 2019 relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires est sortie, nous avons observé de nombreux commentaires négatifs sur certaines pédagogies. Elles étaient considérées comme permissives et ne posant aucune limite à l’enfant. Par exemple, la méthode initiée par Françoise DOLTO, psychanalyste, a pu être décriée et déboucher sur une apparition “d’enfants rois”. Tout comme la pédagogie Montessori, mise en place par Maria MONTESSORI, médecin et pédagogue, qui a été détournée de son concept initial. L’éducation positive a pu aussi être détournée de son concept sous le prétexte qu’elle encouragerait les enfants à prendre le pouvoir sur l’adulte et également à ne plus les confronter à la frustration.
En effet, aujourd’hui, nous observons sur les réseaux sociaux un phénomène qui vise à critiquer cette méthode. Il est de plus en plus exploité par les créateurs de contenus qui se surnomment des “parents ghettosori”.
Les vidéos créées montrent des parents qui obéissent à leurs enfants sans poser ni cadre ni contrainte de manière humoristique parfois. Elles nous laissent à penser que la pédagogie Montessori permet à l’enfant de faire ce qu’il veut sous prétexte qu’il ne sait pas encore gérer ses émotions.

Cette pédagogie n’est pas celle décrite sur ces plateformes…
Si vous souhaitez avoir davantage d’informations sur l’éducation positive, vous pouvez vous référer à l’article précédent “L’éducation positive : c’est quoi ?”.
Ces dérives pédagogiques peuvent être bel et bien dangereuses pour les enfants. L’absence de limite et de cadre pour l’enfant peut le placer en insécurité.
«L’enfant est comme un étranger dans une ville inconnue dont il ne connaît ni la langue, ni les coutumes, ni la direction des rues. Souvent, il préfère se débrouiller seul, mais si c’est trop compliqué, il demande conseil. Il a alors besoin d’un informateur poli». – Janu KORCZAK, pédiatre et éducateur.
Afin que l’enfant ne se sente pas démuni, il faut lui poser des interdits tant pour sa sécurité physique que pour sa sécurité affective. Par exemple, “Tu as le droit de monter sur le canapé, mais il est interdit de sauter dessus car c’est dangereux”. Il est important que l’enfant sache clairement ce qu’il a le droit de faire ou non. Aussi, quand il y a un interdit de posé, il est nécessaire de lui expliquer pour quelle raison afin qu’il en comprenne le sens.
L’absence de limite peut aussi engendrer chez l’enfant un sentiment de “toute puissance” dans lequel il n’a plus la notion de qui est qui. C’est dans ce contexte que l’on peut observer des “enfants tyrans”.
Ces enfants ne comprennent plus le schéma familial et n’autorisent plus les parents à jouer leur rôle de décisionnaire et d’autorité. Ainsi, nous comprenons qu’un cadre posé et verbalisé est indispensable pour permettre à l’enfant de grandir et de s’épanouir pleinement.
Toutes les dérives décrites ci-dessus doivent être observées et analysées pour en comprendre le sens, et ainsi mieux concevoir le mode d’éducation que l’on souhaite pour son enfant.
Comment se créer sa propre parentalité sans tomber dans ces dérives ?
Dans un premier temps, il est indispensable de posséder les bonnes informations pour pouvoir apprécier ou non telle ou telle pédagogie.
L’éducation positive et la pédagogie Dolto se basent sur la bienveillance, la valorisation et l’encouragement. C’est un accompagnement que l’on propose aux enfants. Par exemple, dans les maisons vertes créées par Françoise DOLTO, nous pouvons y trouver une ligne rouge qui signifie “la limite à ne pas dépasser”. En effet, même avec bienveillance, nous devons fixer un cadre afin que chacun puisse explorer tranquillement son environnement.
Nous avons évoqué la pédagogie Montessori qui a été détournée de son concept. Ainsi, il nous paraît important de remettre le sens sur cette méthode éducative. Cette pédagogie est davantage une façon de regarder l’enfant; c’est avant tout lui permettre de se construire en étant pleinement acteur de ses apprentissages. La volonté de permettre à l’enfant d’être acteur de sa construction passe aussi par le fait de lui laisser le temps dont il a besoin pour faire son atelier et également de lui donner la possibilité de s’auto-corriger.
Aujourd’hui, certaines écoles proposent cette pédagogie ou parfois s’en inspirent afin d’accompagner les enfants vers
l’autonomie.
C’est grâce à l’observation que nous pourrons mesurer les compétences de l’enfant, et ainsi déterminer ce que nous le pensons capable de faire ou non. D’autre part, un outil peut aussi nous aider à jauger les capacités de l’enfant en fonction de son âge : la grille de Denver est un outil supplémentaire à l’observation que vous et les professionnels pouvez avoir sur votre enfant.
Après avoir bénéficié de toutes ces informations, vous pouvez maintenant définir votre propre parentalité tout en respectant les compétences de votre enfant. Un défi ? Nous sommes là pour vous accompagner !!
Dans un premier temps, il est important pour vous de trouver votre place de “PARENT”.
Car, en effet, être parent c’est avoir beaucoup de casquettes (tendresse, amour, complicité, autorité, cadre…). Ce n’est pas toujours évident de trouver un équilibre. Il faut savoir que la famille est un système qui doit définir ses propres règles comme par exemple : attendre que toute la famille ait terminé de manger avant de sortir de table. “Un système viable ne peut être ni totalement ouvert ni totalement fermé”.
L’important c’est de définir un cadre dans lequel les règles peuvent être plus ou moins modifiées. Entre autres, la politesse est une règle importante dans l’accompagnement d’un enfant. Cependant, nous observons régulièrement qu’elle ne veut pas forcément signifier la même chose selon les personnes. Comme exemple, nous pensons au “Bonjour !”.
Chacun à sa manière peut le dire : en le verbalisant, en le signant, en faisant un clin d’œil ou encore en souriant… Les enfants n’ont pas l’obligation de faire un bisou. Ce geste peut être intrusif pour eux et il y a mille et une façons de saluer les personnes qui nous entourent !
Le plus important dans l’accompagnement, c’est de donner du sens à ce que l’on demande à l’enfant. Les décisions ou les règles prises pour lui doivent être justes et adaptées.
Désormais, nous allons parler des dérives plus strictes qui peuvent aussi affecter l’enfant et votre relation avec lui.
«Les enfants n’ont pas besoin d’être
éduqués, mais d’être accompagnés avec empathie» Jesper JUUL, thérapeute familial.
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