La théorie de l’attachement, issue des travaux de Bowlby, définit le besoin fondamental de sécurité de l’enfant et trouve une transposition concrète au sein de la crèche. C’est dans ce lieu que se développent des liens d’attachement secondaires essentiels entre l’enfant et les professionnels, un processus favorisé par la stabilité des soins et la confiance des parents 4 envers l’équipe.
Selon les travaux de Bowlby et Ainsworth, la théorie de l’attachement repose sur l’idée que le développement de l’enfant est façonné par ses relations affectives. Dès la naissance, l’enfant active un système d’attachement pour obtenir la proximité de l’adulte et ainsi se sentir réconforté et en sécurité. Lorsque l’enfant ressent de l’inquiétude, de la fatigue ou de la douleur, il sollicite la présence de sa figure d’attachement. Les comportements adoptés pour cela varient en fonction de son âge, de son développement et des réponses qu’il a l’habitude de recevoir de la part de l’adulte.
Le concept d’attachement repose sur un besoin de sécurité, qui surpasse tous les autres besoins fondamentaux. Ce besoin de sécurité est essentiel à la construction de l’enfant et englobe les besoins affectifs, relationnels, de protection et physiologiques. Il est étroitement lié à la qualité des premières relations de l’enfant avec son parent, la personne qui s’occupe de lui de manière stable et réconfortante. Cette personne est la figure d’attachement principale. Le lien d’attachement se construit au cours de la première année de vie, l’enfant apprenant à réguler ses émotions grâce aux réponses rassurantes de l’adulte. La présence de cette figure d’attachement favorise la confiance en soi, l’exploration et le bienêtre émotionnel.
Jean Epstein, psychologue spécialiste de la petite enfance, compare le professionnel de la petite enfance à un «porte-avion». Le professionnel est une base sécurisante qui permet à l’enfant d’explorer son environnement (décoller) et de revenir vers lui pour se sentir en sécurité (se ravitailler), comme un avion a besoin de son porte-avion.
Quel attachement se développe à la crèche ?
L’attachement qui se développe à la crèche est une relation d’attachement secondaire, c’est-à-dire que c’est avec une ou plusieurs figures d’attachement autre. L’enfant va naturellement s’attacher à certains professionnels en fonction de ses affinités propres. Cette relation est construite avec une figure de référence, appelée «caregiver» ou «référent», qui est un professionnel de la petite enfance. Ce dernier sert de «base de sécurité» pour l’enfant, lui offrant une présence stable, prévisible et rassurante, dès la période de familiarisation, et pendant toute son évolution à la crèche. Cet adulte offre à l’enfant une sécurité physique et affective, lui permettant ainsi d’explorer son nouvel environnement en toute confiance. L’objectif est de créer un lien privilégié et des repères stables qui aident l’enfant à se sentir en sécurité et à mieux vivre les séparations avec ses parents.
Comment favoriser l'attachement d'un enfant envers une figure d'attachement secondaire ?
Pour favoriser l’attachement chez l’enfant, deux éléments sont essentiels. D’abord, la présence stable et la continuité des soins sont cruciaux : le fait que l’enfant soit accompagné par le même professionnel de manière régulière lui permet de se sentir en sécurité. Ensuite, la qualité de l’interaction est primordiale. Le contact physique, le regard, les gestes réconfortants et une écoute attentive des besoins de l’enfant lui apprennent qu’il peut faire confiance à l’adulte. L’enfant pourra observer la constance et la continuité des réponses de l’adulte à ses sollicitations, telles que ses pleurs. C’est en offrant cette contenance physique et émotionnelle que le professionnel devient un véritable «port d’attache», permettant à l’enfant d’explorer le monde en toute confiance.
L’entrée en crèche n’est pas seulement une étape pour l’enfant, elle l’est aussi pour le parent. En effet, l’enfant a besoin de voir son parent investir le nouvel environnement et entrer en relation avec les professionnels avant de pouvoir s’y sentir à l’aise lui-même. Le fait d’observer son parent effectuer des gestes de soins quotidiens (comme un changement de couche ou un repas) dans ce nouveau cadre conforte également l’enfant dans l’idée qu’il peut faire confiance à cet environnement dans lequel il va évoluer. C’est en observant l’adulte, qu’il connaît et en qui il a confiance, interagir de manière positive avec l’équipe, que l’enfant reçoit un message de sécurité : «Si mon parent est serein et en confiance, ici, alors je peux l’être aussi».
Cette observation permet à l’enfant d’apprendre que cet espace est un lieu sûr, et que les professionnels sont des figures dignes de confiance. C’est cette confiance accordée qui lui donne l’assurance nécessaire pour s’ouvrir, explorer et, à son tour, tisser des liens avec les adultes et les autres enfants. La familiarisation devient ainsi un processus partagé, où le parent agit comme un pont entre le monde connu de la famille et le nouvel environnement de la crèche.
La création du lien d’attachement en crèche est multidirectionnelle. Le professionnel joue un rôle essentiel en s’attachant lui-même à l’enfant, ce qui signifie qu’il doit apprendre à repérer, interpréter et répondre de manière optimale aux sollicitations de l’enfant qui exprime ses besoins. Chaque enfant étant unique, il envoie des signaux qui lui sont propres (par exemple, des signes de fatigue ou de faim différents). Il est donc crucial pour le professionnel de prendre le temps de connaître chaque enfant individuellement et d’apprendre à interagir avec lui en fonction de ses particularités, afin de construire un lien de confiance solide et adapté.
Ainsi, en s’appuyant sur les réflexions mises en lumière lors de notre journée pédagogique locale du 25 août 2025, fruit d’une réflexion constante des professionnels, chaque équipe de crèche peut collectivement identifier et mettre en œuvre les pratiques favorisant la création de liens d’attachement solides et sécurisants pour les enfants au sein de nos structures.
