Bébé-à-plat-ventre

Le développement de l’enfant par le mouvement

Nous pensons souvent que l’Homme ne dispose que de cinq sens, mais il en existe un sixième tout aussi essentiel : la proprioception. Ce sens, qui nous permet de percevoir la position et les mouvements de notre corps, est crucial pour le développement psychomoteur des enfants. Dès leur vie intra-utérine, les bébés commencent à explorer le monde à travers leurs mouvements, posant ainsi les bases de leur croissance physique et mentale. 

Découvrez comment ce développement se poursuit après la naissance, à travers des étapes clés telles que le portage, le retournement, la marche, et pourquoi un environnement adapté est fondamental pour leur épanouissement.

Chacun de nous reçoit des informations venues de l’extérieur, qui nous sont transmises via les organes sensoriels, et nous recevons également des informations issues de notre  propre corps comme la sensation de la faim ou de la douleur. 

Nous sommes aussi sujets à une sensibilité kinesthésique dont les informations passent par les articulations et les tendons. Cette sensibilité nous permet de connaître la position de nos membres les uns par rapport aux autres. 

Enfin, nous sommes également sujets à une deuxième sensibilité du mouvement appelée la sensibilité vestibulaire qui, à travers l’oreille interne, nous permet de connaître en permanence la position de notre tête par rapport à la verticale. 

De quoi parle-t-on lorsqu’on parle de développement psychomoteur ?

Les différentes étapes psycho-motrices

Selon le Larousse médical, le développement psychomoteur «recouvre le développement moteur (acquisition des mouvements, de la coordination) et le développement sensoriel, intellectuel, affectif et social (construction du psychisme) et témoigne de la maturation progressive du système nerveux».

Le bébé s’exprime d’abord par son corps et par le mouvement.

L’enfant est déjà un être «en mouvement» bien avant sa naissance. In utero dès la 7ème semaine de grossesse, le bébé se met à tourner dans le ventre de sa maman. Ces mouvements du bébé plus ou moins perçus par la maman sont signe de vitalité. Le bébé in utéro va alterner des phases de sommeil et des phases d’éveil. Les prémices de la communication s’installent, et la maman peut entrer en relation avec son bébé à travers différents moyens tels que l’haptonomie, les massages du ventre, le chant, des moments relaxation… qui viennent susciter une émotion chez le bébé et lui donnent envie de s’exprimer à travers son corps ! 

L’haptonomie signifie littéralement « toucher affectif». C’est une méthode inventée par Frans Veldman, médecin hollandais, qui permet d’entrer en communication avec votre bébé in utero dès votre troisième ou quatrième mois de grossesse, grâce au contact de vos mains apposées sur votre ventre. Vous créez ainsi, dès son plus jeune âge, un véritable échange avec lui. Les séances se partagent en couple, le 2ème parent entrant en communication avec son enfant à travers le ventre de la maman. Une relation se crée entre lui et son bébé avant même que celui-ci ne naisse. 

A la naissance, les possibilités de mouvements sont rendues plus difficiles, car le bébé est soumis à la pesanteur. 

Les fonctions motrices du tout-petit sont très immatures à la naissance. Bien que l’enfant soit «programmé» pour passer de l’enroulement fœtal au redressement et à la verticalité, celui-ci a besoin de l’adulte, de son soutien et d’un environnement adapté pour mener à bien le développement de ses fonctions motrices.

Il existe ainsi différentes étapes dans le développement psychomoteur de l’enfant  et chacun des étapes prépare la suivante. L’enfant dans son processus prépare la suivante. L’enfant dans son processus de développement enchaîne des positions, des postures, des mouvements qui vont lui permettre ainsi de passer d’une position à une autre. Cette dynamique d’apprentissage est propre à chaque enfant et est influencée par trois grands facteurs : 

  • le fonctionnement de son système nerveux
  • l’environnement dans lequel évolue l’enfant 
  • ses propres expériences sensorimotrices 

Chaque enfant évolue à son propre rythme et en fonction de ses expériences. Ainsi, il n’y a pas de dates précises d’apparition des acquisitions, mais des plages d’âge moyen. Nous préférons vous indiquer les grandes étapes du développement psychomoteur,  sans indiquer d’âges précis.

prépare la suivante. L’enfant dans son processus prépare la suivante. L’enfant dans son processus de développement enchaîne des positions, des postures, des mouvements qui vont lui permettre ainsi de passer d’une position à une autre. Cette dynamique d’apprentissage est propre à chaque enfant et est influencée par trois grands facteurs : 

  • Le portage, l’enroulement fœtal

Durant les trois premiers mois de vie, le bébé a besoin d’être porté et soutenu dans la position qu’il connaît le mieux : la position d’enroulement. Ainsi, il continue à travers l’adulte de ressentir les limites de son corps.

  • La position plat dos

Un enfant placé sur le dos se voit offrir la position la plus riche pour ses découvertes et expériences sensori-motrices. Cette position favorise le mouvement libre, l’enfant peut tourner la tête et regarder sur les côtés. Il découvre ses mains, associe ce qu’il voit à ce qu’il sent et les reconnaît alors comme siennes. Il les attrape l’une l’autre et rassemble ainsi progressivement  les deux côtés de son corps. Il peut ainsi porter ses mains à la bouche pour mieux les découvrir, pour s’apaiser, se rassurer.

Un environnement propice aux découvertes va stimuler l’enfant qui d’abord se saisira des objets qui seront mis au contact de sa main et qui par la suite sera amené à ouvrir les mains et à tenter d’attraper les objets par lui-même lorsqu’il les aura dans son champ de vision. L’enfant découvre le monde qui l’entoure à travers la sphère orale et effectue ses premières coordinations yeux-mains-bouche. 

Dans cette position, l’enfant contrôle les mouvements de sa tête et muscle son cou. Il développe ses premières compétences motrices, notamment au niveau des bras et des jambes.

Après la découverte des mains, le regroupement des jambes et du bassin, vient la découverte des pieds ! Petit à petit, l’enfant prend conscience de son schéma corporel. 

  • Se retourner et se mettre à plat ventre

La période précédente, où l’on aura permis à l’enfant d’apprendre à maintenir sa tête droite et à se muscler le dos, prépare cette étape de retournement. L’enfant développe la capacité à se mouvoir autour de l’axe vertébral : tourner le torse, déverouiller le bassin. Ainsi l’enfant se du dos sur le ventre. 

Les premiers essais sont riches en apprentissages pour l’enfant qui, par ses expériences sensori-motrices met en mouvement son corps pour organiser ses postures.

L’adulte durant cette période joue un rôle essentiel dans l’accompagnement des gestes de l’enfant, que ce soit par le regard, la parole ou les gestes. Bien souvent, au départ, l’enfant reste avec le bras coincé sur le côté et n’arrive pas à le dégager ou ne sait pas revenir par lui-même sur le dos et se retrouve en inconfort. L’adulte peut alors accompagner le mouvement du bassin de l’enfant pour l’aider à retrouver une position confortable.

  • Être à plat ventre 

C’est la période du développement psy-chomoteur qui est la plus fatigante pour l’enfant. En effet, cette posture demande une certaine tonicité musculaire. La tête alors en position verticale sollicite les muscles du dos et de la nuque de manière intensive. L’enfant voit ainsi pour la première fois par lui-même le monde de la même manière que s’il était debout. C’est la première étape vers la verticalisation. 

Au départ, pour tenir en équilibre dans cette nouvelle position, l’enfant écarte les bras. Avec la fatigue, l’enfant peut rapidement se crisper et se retrouver alors en position de «planeur» et n’est pas en capacité de revenir dans une position confortable par lui-même. Le rôle de l’adulte est de l’aider à s’apaiser et à retrouver une posture agréable.

Ainsi, durant cette période, l’enfant alterne les temps sur le ventre et les temps sur le dos. Pour revenir sur le dos, il doit retrouver le chemin de l’enroulement autour des épaules, c’est-à-dire pourvoir mettre les bras en avant. 

Les enfants commencent à se déplacer dans l’espace. Ils roulent d’un endroit à un autre attirés par les objets qui se trouvent dans leur champ de vision. 

Vous l’aurez compris, plus l’enfant aura passé du temps à plat dos expérimentant de multiples mouvements et gagné en fluidité dans l’enchaînement de ceux-ci plus il sera facile pour lui de passer de la position plat dos à la position plat ventre. 

  • Le quatre pattes

L’étape la plus importante dans le développement psychomoteur de l’enfant. L’enfant découvre son espace de manière tridimensionnelle : en largeur, en hauteur et en profondeur. 

C’est durant cette découverte de l’environnement que l’enfant apprend à «bien tomber», il est moins douloureux de tomber en avant sur les mains que de tomber sur le coccyx en arrière.

Cette étape dans le développement psychomoteur de l’enfant est garante d’une motricité globale souple, fluide et harmonieuse. L’alternance (physique/motrice) nécessaire du mouvement des bras et des jambes lors du quatre pattes est également présente au niveau cérébral, il s’opère en même temps des échanges et connexions entre les deux hémisphères cérébraux. 

  • S’asseoir

Ce stade de développement arrive généralement en parallèle au quatre pattes. 

Pour l’enfant, un simple mouvement de rotation du bassin vers l’arrière lui permet de découvrir cette station assise. 

Au départ, l’enfant passe par une période plus ou moins longue où il laisse un bras en appui sur le sol, car il n’a pas encore acquis la stabilité nécessaire pour rester en position assise sans appui.

Une fois totalement intégrée, cette position assise lui libère les deux mains. L’enfant avance dans sa conquête de la verticalité, puisqu’à son dos et sa tête sont tous les deux en position verticale.

  • Se mettre debout et marcher

A partir de l’étape précédente, l’enfant va chercher de nouveaux appuis en hauteur pour gagner davantage en verticalité. 

Au départ, il pourra s’appuyer sur une jambe : position du «chevalier servant». C’est toutes les connaissances qu’il aura acquises précédemment qui lui permettront ou non de se mettre debout facilement. En effet, un développement naturel permet une mobilité du bassin, le développement de la force nécessaire dans les jambes et la capacité à prendre appui sur ses pieds.

L’enfant peut également faire le choix de passer par la position accroupie pour se redresser en appui sur ses jambes. C’est quand l’enfant se sent prêt, suffisamment en équilibre qu’il se lance dans ses premiers pas.

Encore une fois, l’environnement à ce moment-là dans son développement joue un rôle crucial.

Un environnement propice à la découverte en toute sécurité, où l’adulte valorise les expériences de l’enfant, où l’adulte rassure par les mots sera un environnement propice aux expériences de l’enfant et augmentera sa confiance en lui.

A contrario, un environnement dans lequel l’enfant est bridé par un adulte apeuré par une éventuelle chute, ou accompagné dans sa marche par un adulte qui lui tient le bras rendra l’acquisition de la marche plus difficile tant psychiquement que physiquement : l’inquiétude, les appréhensions ressenties viennent s’inscrire dans la mémoire corporelle et émotionnelle, l’impossibilité de développer des appuis par soi-même puisque tenu par le bras ou la main, ne pas pouvoir utiliser ses bras pour trouver et maintenir son équilibre par soi-même sont autant de facteurs qui viennent influencer le schéma de marche.

Le développement psychomoteur de l’enfant ne doit pas se résumer à l’enchaînement des étapes d’apprentissage qui mènent à l’acquisition de la marche.
En effet, il faut comprendre que ce sont davantage les conditions propices au bon développement naturel de l’enfant qui priment sur le fait de savoir tenir assis ou debout à tel ou tel âge.

La période que nous venons de décortiquer correspond aux deux premières années de vie de l’enfant. Période pendant laquelle l’enfant aura appris à combiner certains mouvements du répertoire humain : enroulement, équilibration, rotation du bassin, extensions, flexions…

Un bon développement naturel de l’enfant prend du temps et ne doit pas répondre aux injonctions de la société. La position assise est une des positions les plus attendues par les parents, car elle est bien souvent considérée comme signe de normalité. Alors, pour répondre à cette symbolique sociale, ils sont tentés de mettre leur enfant assis. Position qui plaît à l’enfant puisqu’elle lui permet de voir le monde différemment et qui cerise sur le gâteau semble rendre fiers ses parents.

Mais cette position lui est-elle réellement bien confortable ? L’enfant est-il stable sur ses appuis ? L’enfant se sent-il en sécurité pour se mouvoir ?

Autant de questions auxquelles nous sommes certains qu’aujourd’hui vous avez les réponses.

N’hésitez pas à solliciter les professionnels de la crèche sur le sujet, si vous souhaitez être accompagnés sur la motricité de votre enfant.

Crédit photos : Adobe Stock

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