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La crèche intergénérationnelle de Tourcoing – Les Pros de la petite-enfance

Il existe de nombreux points communs entre les personnes âgées et les enfants, alors pourquoi ne pas les réunir ? L’idée de créer une structure intergénérationnelle a germé dans la tête de Monique Callens, la directrice d’une EHPAD à Tourcoing. Avec le soutien de Laurence Six, la fondatrice d’un réseau de crèches, cette initiative a vu le jour en 2012. Plongée dans le Jardin des Orchidées.

C’est une rencontre qui est à l’origine de ce joli projet de crèche intergénérationnelle à Tourcoing, dans le Nord. D’un côté, Monique Callens, directrice visionnaire d’une EHPAD « Les Orchidées ». Dès 1999, elle pense à créer un jardin thérapeutique et sensoriel et à y intégrer une structure pour enfants. De l’autre, Laurence Six, fondatrice du réseau de crèches « Rigolo comme la vie », toujours prête à relever des défis.

Un projet bien préparé

Monique Callens a toujours eu en tête le projet d’installer une crèche au sein de sa structure. Elle ouvre la maison de retraite, recrute le personnel, la remplit de pensionnaires… Une fois l’EHPAD opérationnel, elle se lance alors dans son nouveau projet. Elle se rapproche de la mairie de Tourcoing et a le vertige devant la lourdeur administrative que cela représente. Elle rencontre alors Laurence, via des connaissances communes et lui fait part de son rêve. Elle lui demande si elle serait partante pour le réaliser à ses côtés. Laurence est immédiatement séduite par l’idée : « la base de « Rigolo comme la vie », c’est de créer du lien. J’ai donc naturellement été touchée par cette idée de créer du lien entre les personnes âgées et les enfants, » se souvient-elle.
Laurence fait alors de nombreuses recherches et s’aperçoit que des initiatives similaires existent mais qu’elles ne vont pas assez loin. « J’aime prendre un projet et le pousser le plus loin possible pour qu’il devienne une ressource pour les autres crèches », témoigne t-elle. Après plusieurs rencontres pendant lesquelles Laurence et Monique réfléchissent à la manière de mettre en place les choses, elles se lancent. S’en suivent alors de nombreuses étapes : parler au propriétaire du lieu pour ériger la crèche, obtenir un permis de construire, finaliser le dossier de l’établissement, le présenter à la CAF… Un an et demi plus tard, la structure qui offre 22 berceaux ouvre comme prévu dans le jardin de l’EHPAD. Son nom est alors tout trouvé : la crèche du Jardin des Orchidées.

Le jardin : un trait d’union entre deux générations

Ce jardin sensoriel, très utile aux personnes âgées, est le véritable trait d’union entre les deux structures. « Une façon d’être ensemble tout en étant chacun chez soi », précise Laurence Six. La fondatrice de la crèche rappelle en effet que la question d’intégrer la crèche au sein même de l’EPHAD s’était posée. Elle constate aujourd’hui que Monique Callens et elle ont opté pour la bonne solution en construisant la crèche dans le jardin. Cela permet d’une part de respecter les rythmes de chacun et de ne pas être non plus en permanence avec les séniors. « Les équipes qui travaillent en crèche ont choisi de travailler auprès des enfants, pas forcément auprès des personnes âgées ».

Un véritable choix pour les équipes

« Travailler dans une crèche intergénérationnelle doit être un véritable choix pour l’équipe, un véritable engagement », précise Laurence Six.  Elle se souvient de collaboratrices qui n’étaient pas à l’aise avec les résidents. Elle insiste donc sur ce point.
Celles qui travaillent aujourd’hui dans la structure « Rigolo Comme La Vie, Jardin des Orchidées » trouvent l’expérience magnifique : « elles deviennent parfois spectatrices de ce qui se joue sous leurs yeux, de temps d’échanges extraordinaires qui existent entre les résidents et les enfants ».
La positive attitude de Laurence Six en ferait presque oublier les (petits) obstacles auxquels elle a été confrontée. A l’entendre, il n’y a pas eu de problèmes majeurs. « La seule difficulté a été de comprendre le rythme des uns et les contraintes des autres. Comprendre qu’une sortie est annulée car les résidents sont finalement fatigués, comprendre que les mamies ne peuvent pas donner de bonbons (même en cachette) aux enfants car les risques d’étouffement sont présents, comprendre l’univers de l’autre, tout simplement ».

Concrètement, ça se passe comment ?

Une fois calés les uns avec les autres, la crèche intergénérationnelle peut fonctionner. Grâce à des ateliers mis en place chaque semaine, les résidents et les enfants se rencontrent. Les uns apprennent des compétences quand les autres tentent de les conserver. Les équipes mettent en effet en place des activités qui peuvent convenir aux deux générations. Les résidents forment des binômes avec les enfants. « Lors d’un atelier gommettes, la personne âgée va décoller la pastille et l’enfant va quant à lui la coller par exemple », explique Laëtitia Florin, directrice de la crèche.Pas très intéressant pour le senior ? « Détrompez-vous ! Sachez que les deux populations sont en attente de ces activités chaque semaine » précise t-elle. L’isolement de la personne âgée, l’éclatement géographique des familles permet en effet aux résidents d’être en lien avec d’autres personnes, de rompre avec leur quotidien mais aussi de réaliser le stade de progression de leurs propres petits-enfants ou arrière petits-enfants. Ils s’imaginent ainsi aisément ce que leur descendance réalise dans d’autres crèches. Un sujet de discussion supplémentaire pour eux lorsqu’ils voient leur famille.
Mais ce n’est pas tout ! En plus des ateliers hebdomadaires, les enfants vont à tour de rôle déjeuner au restaurant de la résidence. Un moment très attendu par tous pendant lequel des instants extraordinaires se produisent… comme ces deux mamies qui déjeunaient seules au réfectoire et qui se remettent à parler ensemble en voyant les enfants.
Les petits comme les plus âgés attendent chaque semaine avec impatience ces moments de rencontres. Mais en réalité il n’y a pas qu’eux qui trépignent… En coulisse, l’équipe aussi se languit : « c’est une vraie bouffée d’oxygène pour nous d’aller à la résidence » conclut Laëtitia sur un ton enfantin.

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