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La Voix du Nord – Accueil et soins préventifs en crèche: Lille s’offre une première en France

Accueil et soins préventifs en crèche: Lille s’offre une première en France

Accueil en crèche et accompagnement thérapeutique pour bébés à risques de troubles du développement. « Rigolo comme la vie-La Sauvegarde du Nord » marque l’arrivée d’une structure préventive unique en France.

« C’est la première fois en France qu’une crèche dite de prévention précoce allie à la fois l’accueil et les soins ». La phrase de Jérôme Obry, directeur général du réseau de crèches « Rigolo comme la vie », marque une expérimentation et une collaboration uniques. Le tout a été pensé à partir d’observations tirées du terrain avec pour règle d’airain d’éviter toute stigmatisation.

Afin de bien clarifier les choses, cette détection précoce ne vise pas à prendre en charge des enfants maltraités. Elle s’adresse, la frontière est aussi ténue que fondamentale, à ceux dits « à risques de troubles du développement  » devant l’incapacité qu’ont leurs parents à répondre à leurs besoins premiers. Et rend, elle aussi, la question du repérage essentielle. « Par les PMI, les réseaux, l’historique des familles… »

La Dr Rosa Mascaro, pédopsychiatre et directrice de l’unité de soins associés au fonctionnement de la crèche, ajoute : « Notre rôle est de réduire les effets de l’absence de réponses aux besoins fondamentaux (alimentation, sommeil, affection, intimité psychique…) de l’enfant. D’y répondre de façon répétitive et continue, de favoriser les interactions avec les parents et l’environnement pour le déploiement des compétences des enfants ». C’est bien le suivi quotidien, cinq jours par semaine, qui fait toute la différence et permettra aux bébés concernés « de récupérer leurs capacités ».

Le réseau de crèches Rigolo comme la vie et l’association La Sauvegarde du Nord se sont associés pour monter cette première..

Mieux répondre

« Nous avons l’ambition de ramener les familles vers la normalité en ayant le soin comme point d’appui  », poursuit Jérôme Obry, qui s’appuie sur l’expérience d’un réseau déjà engagé dans l’inclusion d’enfants handicapés ou polyhandicapés.

De façon plus large, le projet s’inscrit dans une dynamique de politique publique que l’on peut rattacher, ici indirectement, à une opération telle que « les 1 000 premiers jours ». La question de la parentalité est au cœur de ce concept singulier. « C’est au début de la vie que tout se construit  », rappelle la pédopsychiatre dont la feuille de route indique que les progrès des enfants seront évalués de façon scientifique tous les trois mois. L’Agence régionale de santé, le conseil départemental du Nord, la CAF et la ville de Lille (qui finance les dix places de crèche classique, lire par ailleurs) suivent de près cette première qui repose sur un triptyque : le repérage et le traitement des troubles chez l’enfant ; celui des troubles d’interaction entre enfants et parents et les troubles de la parentalité . « Nous devons aider les parents à mieux observer, à mieux comprendre et donc à mieux répondre aux demandes de bébé ».

«Les enfants partagent un espace commun»

Repères, développement harmonieux… Le fonctionnement de la crèche répond à quelques grands principes.

Côté espace crèche, quelques enfants s’ébattent sur un tapis de jeu. Attrapent un ballon rouge, une poupée… Aucune distinction entre les « à risques » et les « tout public ». Le principe de la neutralité bienveillante est assumé. « Nous fonctionnons avec tous selon quelques grands principes : le respect du temps, des repères qui marquent les rythmes de sommeil et de l’alimentation de chaque enfant ; le vivre ensemble car ils partagent un espace commun ; l’empathie puisque nous parlons autour des émotions ; l’estime de soi car nous encourageons les acquisitions et pratiquons la verbalisation positive », glisse Juliette Bouillon, infirmière et directrice. À ses côtés, huit professionnels de la petite enfance font le lien. Chaque enfant a son référent, un « lien complémentaire » à celui qu’il construit avec ses propres parents.

Dix sur dix

Côté unité de soins, espace Lebovici, c’est un suivi plus médical qui s’opère entre deux tapis de jeux.

Au total, vingt enfants peuvent être accueillis entre ces murs du lundi au vendredi de 8 h à 19 h. Dix pour la partie prévention précoce (dont 5 dès la naissance) et dix autres pour la crèche classique. « Pour le moment, nous n’avons que six enfants à risques de négligence. Nous faisons également des visites au domicile de leurs parents à raison de deux fois par semaine ou en fonction des besoins », précise la Dr Rosa Mascaro. Cette expérimentation sera conduite pendant trois années et fera ensuite l’objet d’une évaluation. « L’un des objectifs est aussi de diminuer les dépenses publiques en réduisant des prises en charges plus lourdes dans le futur ».

« Rigolo comme la vie » et la Sauvegarde du Nord se sont associés pour porter ce projet. Les familles intéressées par ce dispositif de soins précoces peuvent téléphoner au 03 28 14 10 31.

 

Retrouvez l’article de la Voix du Nord (Patrick Seghi)