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France 3-France TV info – À Roubaix, dans l’une des deux crèches de France où grandissent ensemble enfants en situation de polyhandicap ou non

« Ça peut faire peur à mettre en place mais c’est un vrai bonheur » explique en substance Marie Guyot qui dirige cette crèche roubaisienne. « C’est fou ce que la collectivité apporte ! », analyse Chloé Regolle animatrice, en parlant d’un petit dont les médecins avaient estimé qu’il ne marcherait jamais. Il « nous a prouvé le contraire » sans atèle et sans corset. Reportage.

D’emblée, en présentant les lieux, Marie Guyot prévient, « c’est une crèche comme toutes les autres, sauf que nous avons une infirmière à plein temps et nous avons fait attention à l’envie et à certaines valeurs des candidates ». La directrice de la crèche Rigolo Comme la Vie – Noémi (du nom d’un groupe de crèches et de Noémi, association venant en aide aux parents d’enfants polyhandicapés) semble tenir à sa structure comme à la prunelle de ses yeux. « Je pourrai en parler des heures », valide la passionnée.

Avec un agrément pour 25 enfants dont 8 enfants en situation de polyhandicap (pour 9 animatrices, puéricultrices, infirmière) cette crèche qui a ouvert en 2012 est la deuxième de France à accueillir des enfants en situation de polyhandicap en même temps que les autres. La première structure a été ouverte dans la métropole lyonnaise. Pourtant, depuis 2005, la loi reconnaît le droit d’être inscrits en milieu ordinaire pour ces enfants. Alors pourquoi est-ce si rare ?

Bien sûr, il faut que la sécurité physique de chacun des enfants qui portent du matériel médical sur eux, sont équipés d’une sonde pour se nourrir ou portent des prothèses. « Cela peut faire peur ou impressionner au départ » mais Marie Guyot l’assure, le dispositif n’est pas si exceptionnel que cela : « nous avons une infirmière à temps plein », rappelle la directrice qui précise que les enfants en situation de polyhandicap ne sont pas présents tous les jours : « la rééducation et les soins paramédicaux prennent une part conséquente de leur emploi du temps ».

Et puis, la structure accueille les rééducateurs du CAMSP (centre d’accueil médico-social précoce), de l’hôpital de Roubaix, qui viennent à la crèche : le jeudi la psychomotricienne, ou les kinésithérapeutes deux à trois fois par semaine. « Cela a un double intérêt : réduire la fatigue de l’enfant et la charge mentale des parents dont l’un des deux est bien souvent obligé de sacrifier son travail pour courir de visite médicale en visite médicale ».


A l’extérieur, une bonne dizaine d’enfants jouent, accompagnés par deux animatrices. L’ambiance est chouette, ces « grands » (18 mois et plus) me réservent naturellement un bon accueil : trois – quatre d’entre-eux venant me voir pendant que je fais des photos.

Il y a là Fahia, qui aime se faire prendre en photo, Kyllian qui montre comment il court vite. On pleure parfois quand on tombe d’un petit vélo en bois mais on est très vite consolé par les tendres bras de Céline, directrice adjointe de la crèche ou Juliette, puéricultrice.

Les enfants s’amusent ensuite à passer dans une espèce de tunnel modulable. Rien ne me frappe pendant le quart d’heure passé dans la cour : j’apprendrai plus tard qu’au moins trois d’entre-eux sont en situation de polyhandicap. Pas d’enfant esseulé, moqué… Tant mieux, vous me direz ! Mais comment réagissent les enfants quand le handicap se voit ?

« Il y a une empathie naturelle chez l’enfant. Il faut leur dire les choses, simplement : par exemple que cet objet est une prothèse et qu’elle sert de jambe à Aydine. Ensuite, leur réaction normale est de venir en aide en apportant la prothèse ou une chaise. C’est normal, on est tous singuliers. En montrant ces particularités dès la petite enfance, c’est bénéfique pour tous les enfants.

J’ai bon espoir que ces futurs adultes seront plus tolérants et plus inclusifs. En tout cas déjà, pour les enfants de la crèche le handicap est un non-sujet

Marie Guyot, directrice de crèche

J’ai bon espoir que ces futurs adultes seront plus tolérants et plus inclusifs. En tout cas déjà, pour les enfants de la crèche le handicap est un non-sujet », explique Marie Guyot qui termine sur deux exemples qu’elle trouve émouvants. « Un jour, nous chantions la comptine ‘Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n’y est pas’… Le loup s’habille met son pantalon, sa chemise, ‘son corset’, coupe un enfant… Le corset était un objet du quotidien à ses yeux ». Et la directrice de se rappeler également quand tous les enfants ont roulé par terre pour accompagner un enfant ne marchant pas qui roulait pour se déplacer.

Ce qui a ému, Chloé Regolle, animatrice qui aujourd’hui prépare à manger pour les petits, ce sont les premiers pas de Frédéric sans atèle ni corset alors que les médecins avaient estimé qu’il ne marcherait jamais. « C’est fou ce que la collectivité apporte ! ». Passionnée par son métier elle aussi, Chloé apprécie le travail d’équipe qu’il demande, la formation continue pour progresser sur les questions de « continence » de « sommeil » et les trucs et astuces que les ergothérapeutes et kinésithérapeutes peuvent donner sur la montée des marches, par exemple.

Aujourd’hui, plusieurs parents d’enfants ne souffrant pas d’handicap demandent à ce que leur.s enfant.s intègre.nt cette crèche pour les valeurs inclusives qu’elle véhicule. »

 

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