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parents

Se rencontrer, échanger le développement de la sociabilisation

Rigolo Comme La Vie

La socialisation primaire se fait donc dès la toute petite enfance. Il existe d’abord une relation de symbiose entre l’enfant et sa première figure d’attachement.

Il faut savoir que le cerveau de l’enfant est très malléable, on parle de plasticité cérébrale. Tout petit l’enfant va enregistrer tout ce qu’il vit comme les réponses que sa figure d’attachement lui donne lorsqu’il est en situation de stress, d’insécurité, de fatigue, de faim…

C’est le fait de répondre de manière adaptée à l’enfant qui va lui permettre de développer une confiance en l’adulte et va favoriser la qualité du lien d’attachement.

Le saviez-vous ?

Une histoire d’odeur

En 1992 au CNRS, le professeur Gervais a fait une étude sur les phéromones ou autrement dit sur l’odeur spécifique à chaque être humain. A la naissance, tous les bébés fabriquent l’odeur de leur mère de manière inconsciente, cela correspond à la symbiose affective..

Au moment de la marche, et la nature est bien faite car l’enfant est en capacité de s’éloigner physiquement de sa figure d’attachement de prédilection par lui-même, il cesse de fabriquer l’odeur de sa mère et commence à fabriquer la sienne.

A la puberté, il fabrique ses phéromones définitives, ce qui peut expliquer parfois que les adolescents connaissent une période durant laquelle ils se sentent un peu perdus.

Le petit + : des phéromones caméléons…

Les études du professeur Gervais ont mis en évidence des phéromones caméléons. En effet, lorsque l’enfant a identifié, choisi une personne référente, il commence à fabriquer une odeur quasi similaire à cette personne !!

Le second parent a plusieurs rôle à jouer :

  • tiers séparateur
  • éducation et initiation
  • protection
  • filiation
  • identité sexuelle

Le «tiers séparateur»

Le rôle du “tiers séparateur” est de permettre à l’enfant de s’ouvrir aux autres et d’apprendre à reconnaître d’autres figures d’attachement possible et bénéfiques pour lui. Il vient ainsi s’interposer entre eux deux pour permettre à l’enfant de développer son identité en dehors de la symbiose maternelle et arrêter la préoccupation maternelle primaire. Il a un rôle majeur dans la phase de séparation-individuation.

développement de la sociabilisation en collectivité

Education et initiation, le tiers séparateur doit « éduquer » ses enfants dans le sens étymologique du mot « educare » qui signifie faire sortir, tirer dehors, conduire en dehors avec soin. Il pose les interdits, fait découvrir à l’enfant ses limites, lui apprend à faire attention aux autres, à se maîtriser. Il a également un rôle important dans l’apprentissage de la renonciation à la satisfaction immédiate de ses besoins et désirs, il l’initie aux règles de la société en vue de la socialisation.

Il a un rôle majeur dans la construction du «sur-moi» : intégration des interdits.

développement de la sociabilisation dans la relation avec l'adulte

Le rôle de protection physique et émotive auprès de son enfant et du premier parent : il doit être présent physiquement et psychiquement, il doit être valorisé dans sa fonction, dans le discours du premier parent notamment.

Le rôle de filiation l’enfant a besoin de savoir d’où il vient, qui sont ses parents. Il a besoin de s’inscrire dans une lignée qui possède une histoire, besoin de se sentir relié à l’humanité, besoin de savoir qu’il fait partie de la grande famille humaine.

Le rôle dans la construction de l’identité sexuelle le tiers séparateur joue un rôle par rapport à l’objet d’amour initial : la mère de « confirmation » pour le garçon de « révélation » pour la fille (elle découvre deux objets d’amour : mère = « ma rivale et pour autant, il faut que je lui ressemble »).

« L’enfant apprend, par sa mère, qu’il est au centre de l’univers, de son univers ; il doit apprendre par son père qu’il existe d’autres univers avec lesquels il devra collaborer pour survivre et s’épanouir »
Yvon DALLAIRE (psychologue et sexologue canadien)

C’est à travers toutes ses découvertes que l’enfant comprend et assimile de nouvelles règles, de nouveaux modes de fonctionnement. L’arrivée à la crèche et/ou la rencontre régulière avec d’autres personnes (enfants et adultes) vont lui permettre de démarrer le processus de socialisation, de comprendre et intégrer les règles qui régissent la vie en société.

Vers 6 mois, l’enfant découvre l’autre, sur le tapis on peut observer des sourires… Signes des premiers échanges.

Vers 8 mois, l’enfant va généralement passer par une période dite “d’angoisse du huitième mois” ou “peur de l’étranger”. C’est à ce moment que l’enfant va savoir faire la différence entre ses parents et des personnes étrangères.

A partir de 8 mois, l’enfant devient de plus en plus mobile et commence à découvrir par lui-même le monde qui l’entoure, les autres… Ce sont les prémices de la sociabilité mais cela reste vraiment très basique.

Jusqu’à 18 mois, on peut observer un certain mimétisme chez les enfants: si un enfant pleure, les autres vont potentiellement se mettre à pleurer aussi.

L’enfant a une vision du monde très égocentrique, il perçoit les choses et les personnes qui l’entourent en fonction de lui et de ce qu’il ressent. On observe en crèche des jeux de côte à côte, les enfants sont chacun dans leur « bulle de jeu » les uns à côté des autres. Bien souvent en voyant l’autre jouer, l’enfant est attiré par le jeu en mouvement et puisqu’il est encore très égocentré, il vient s’immiscer dans l’espace de jeu de l’autre ce qui peu créer des conflits. En crèche,nous permettons à l’enfant de développer ses compétences pro-sociales.

développement de la sociabilisation dans des moments affectifs

Les compétences pro-sociales ne concernent pas seulement l’absence d’actes d’agression produits par l’enfant, mais aussi sa capacité à se faire des amis et à déterminer avec quels pairs il aime interagir ou non. Cette notion de compétences pro-sociales est connue, reconnue et valorisée au Canada et aux Etats-Unis dans le secteur de la petite enfance, cependant on en parle encore assez peu en France.

développement de la sociabilisation dans l'interraction avec d'autres enfants et des adultes

Le Centre d’Excellence pour le développement du Jeune Enfant (Canada) précise : « Pendant les 5 premières années de vie, on peut accompagner l’enfant au quotidien en le dotant d’habiletés de coopération lors des jeux, d’habiletés langagières et de communication, de compréhension et de régulation affective, de contrôle de l’agressivité et d’habiletés à la résolution de problèmes. »

Après 18 mois, l’enfant qui voit l’autre pleurer va plutôt lui apporter une source de réconfort: un doudou, une tétine, lui proposer une marque de soutien: une caresse, un câlin… C’est le développement de l’empathie.

A trois ans on parle de pré-socialisation, les enfants construisent ensemble leur espace de jeu cependant les échanges restent limités.

A partir de 4 ans on peut observer des jeux structurés et réfléchis en groupe.

« Il faut tout un village pour élever un enfant »

Ce proverbe africain nous rappelle toute l’importance de la société (au travers des expériences, des rencontres) qui permet à l’enfant d’en comprendre les codes et les règles pour qu’à son tour il en fasse partie intégrante.

Crédit photo : Rigolo Comme La Vie